FoodTrotter A.
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Oui mais non ! Ok, on aime l'idée : un immense espace de deux étages, transformé en mode post-industriel trendy, lumineux, avec une grande terrasse qui donne sur la Place Jean Rey et le Parc Leopold, et qui propose une offre multi-concepts : bagels, barbecue texan et salad bar aux influences middle-east. Top sur le papier donc, et assez inédit pour Bruxelles, tant l'envergure du bazar donne plutôt l'impression de se trouver à Londres, San Francisco ou New York. Mais dans la pratique, ça ne suit pas. Le plus gros problème vient de l'organisation. On commande à un des deux comptoirs (au rez ou à l'étage), et ensuite, on doit aller retirer sa commande au comptoir du bas. Je n'ai aucun souci avec le bar service, au contraire, des mois passés aux Etats-Unis ou à Londres m'ont largement habitué à ce type de service qui deviendra de plus en plus la norme, étant déjà la règle générale dans les coffee shops et les fast casual. Sauf qu'ici, ça capote. Si vous posez votre postérieur à l'étage, comme 95% des clients au vu de l'espace et de la terrasse, il faudra donc dévaler et remonter les escaliers... au moins trois fois. Parce qu'on vous dira que votre plat pourra être retiré "dans 10 minutes, au comptoir du bas uniquement", vous y allez donc à l'instant T, afin d'éviter que votre met refroidisse une fois prêt, et là on vous dira que "c'est pas encore prêt et qu'il faudra encore revenir dans 10 minutes". Et ensuite bis repetita, "revenez dans 5 minutes". Tout ça pour vous entendre dire au final et au bout de vos pérégrinations monter-descendre des-escaliers-pour-choper-ma-bouffe-qui-n'arrive-pas : "Le bagel BBQ, c'est pour vous ? Il est prêt depuis longtemps !" Voix intérieure : "Heuuuuu ? Je ne crois pas, vu qu'il était pas prêt y a 5 minutes quand votre collègue serveur m'a dit une enième fois de revenir 10 minutes plus tard". Ai-je omis de vous dire que tout cet échauffement sportif pré-lunch (histoire de s'ouvrir l'appétit) a lieu dans un chaos infernal au milieu d'un tas d'autres clients qui s'entassent comme vous au comptoir du bas pour commander ou retirer leur commande qui n'arrive pas. Tout le monde s'énerve et tire la tronche, tant les clients que le staff, qui travaille en sous-effectif flagrant, et ne peut dès lors pas suivre la cadence infernale des commandes passées par le flot de clients bobochics qui veulent voir et être vus dans cette dernière trendy place du quartier européen. En outre, j'adore l'idée d'un barcecue texan en mode slow cooking, mais il faut avoir une sacrée méthode d'extraction des odeurs et/ou un coin BBQ séparé. Ici, veillez à apporter des fringues de rechange, sauf si vous aimez sentir le vieux feu de camp toute la journée. Quant à l'assiette, sorry but nope. On a droit à des assiettes mainstream, plutôt fades, et sans grande personnalité. Ca envoit beaucoup, en essayant de suivre le rythme, et la quantité des plats sortis se fait au détriment de la qualité. Mon bagel n'avait pas de goût, la petite salade grecque qui l'accompagnait non plus. On a le sentiment d'être dans une "chaîne de production de plats quasi-industrielle". J'ai aussi essayé le burger (un autre jour, je vous rassure), mangeable certes, mais oublié dès la dernière bouchée. Le carrot cake (essayé lors d'un troisième passage, je ne suis pas un goinfre !) est quant à lui vraiment réussi. Mais bon... C'est dommage car on aime l'idée. Mais l'organisation et l'assiette ne suivent pas. Peut-on vraiment en vouloir aux patrons qui ont pris des risques ? Sans doute pas. Ce genre de grosse machine aurait besoin d'un staff impressionnant pour fonctionner adéquatement. Et au vu du coût social exorbitant dans notre plat pays, ce n'est juste pas possible de faire tourner le manège comme il le faudrait. Sauf si la clientèle s'y entassait toute la journée et commandait des centaines de cocktails aux marges élevées. Mais là encore, on est à Bruxelles, pas à Manhattan. Et on en revient à notre réflexion de départ : ce type de lieu est fait pour Londres ou New York, pas pour Bruxelles. La réalité de terrain a apparemment rattrapé les ambitions louables de départ. Dommage...